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La MaxiPrinter évaluée par l’armée Française

La MaxiPrinter évaluée par l’armée Française

Dans un contexte où l'armée française explore activement les nouvelles technologies pour renforcer sa résilience opérationnelle, Constructions-3D a été sollicitée afin d’évaluer la technologie de l’impression 3D lors d’une EVTA (évaluation tactique) conduite par la section technique de l’armée de Terre (STAT). L’objectif de cette EVTA était d’apprécier l’intérêt de la technologie d’impression cimentaire 3D dans les domaines de l’appui au déploiement, de la contre-mobilité et de la sauvegarde-protection. Dans le cadre de l’EVTA, notre entreprise a également participé à « Dantzig », la fête du Génie à Angers, réalisant une démonstration d’impression 3D béton en live d’un abri de la seconde guerre mondiale. « Dantzig » est une occasion particulière durant laquelle sont présentées les innovations du Génie, en cours ou à venir. Cette collaboration inédite a permis d’initier une montée en compétence rapide des équipes militaires et structurelles sur le terrain et d’ouvrir des perspectives concrètes d’application pour les forces armées.

Publié le 2025/06/27

Jessica Maciejewski

Écrit par Jessica Maciejewski

La MaxiPrinter évaluée par l’armée Française

Objectif

Pour le commandant Romuald C., officier de marque de la STAT (section technique de l'armée de Terre), les objectifs principaux de ces essais consistaient à :

« L'EVTA a permis d'imprimer une quinzaine d'ouvrages en béton à des fins de force protection. Des essais balistiques seront menés cet été afin d'apprécier la tenue de l'impression 3D face aux armes de petits calibre. Les évaluations tactiques menées par la STAT et appuyées par le 19e RG sur Mourmelon se sont très bien déroulées. Il n'y a pas eu de problèmes techniques majeurs qui auraient pu gêner durablement les évaluations. Le matériel et les matériaux livrés étaient conformes au mandat de l'armée de Terre. Le panel d'objets imprimés a pu être modifié selon les choix de la STAT. »

Cette mission, co-construite avec les équipes de la STAT, visait également à tester l’autonomie des opérateurs militaires et à recueillir un retour d’expérience terrain complet, à la fois technique, humain et logistique.

Selon le lieutenant-colonel Jean D., expert militaire en infrastructure au SID (Service d'infrastructure de la Défense) : « Aujourd'hui, dans le cadre de nos missions, il nous est demandé de répondre efficacement aux exigences de qualité en matière d'infrastructure et notamment de mettre en cohérence les performances de nos ouvrages avec les besoins réels des armées. Nos réflexions en matière d'infrastructure portent actuellement sur la protection de nos forces en stationnement et sur leur résilience dans la durée. Protection en effet, face aux effets mécaniques des armes, aux menaces d'intrusion physique ou cyber, aux impératifs de discrétion et de camouflage. Résilience ensuite, prenant essentiellement en compte l'optimisation des besoins en énergie, en eau, matériaux, y compris la valorisation des déchets. Ces réflexions peuvent éventuellement conduire à l'utilisation de méthodes de constructions innovantes. »

Formation et montée en compétence : 5 jours, 5 soldats, une imprimante 3D béton MaxiPrinter

La première étape a été la formation intensive de 5 militaires issus de la STAT et du 19e RG, encadrés par les ingénieurs de Constructions-3D. Sur 5 jours de travail en continu, l’objectif était de rendre le groupe autonome dans le déploiement, l’usage et le repli de la MaxiPrinter, l’imprimante 3D béton grand format développée par Constructions-3D.

La formation dispensée a couvert l’ensemble des étapes clés nécessaires à une utilisation autonome de la technologie. Les participants ont ainsi appris à déployer et replier la MaxiPrinter, à installer le système de pompage et de mélange et à configurer la machine en toute autonomie. Ils ont ensuite été formés au chargement du silo en matériau 3D, à la manipulation des big-bags et à la préparation des impressions via l’interface AirPrint.

Les exercices pratiques ont également permis de se familiariser avec les phases de ferraillage et de coulage du béton dans les modules imprimés, en intégrant les contraintes spécifiques du terrain. Enfin, une attention particulière a été portée à la gestion de l’entretien courant, ainsi qu’aux réflexes à adopter en cas d’incident technique, afin d’assurer une continuité d’opération sur le terrain.

Une montée en compétence rapide

Dès le 3e jour, les participants atteignent 95 % d’autonomie opérationnelle, selon nos formateurs Johan Bauduin, Mattis Solé et Mickaël Deleplanque. L’accessibilité de la machine, combinée à la rigueur d’exécution propre au milieu militaire, a permis une montée en compétence rapide et une implication remarquable des stagiaires.

Le SID EPN (service d’infrastructure de la défense expertise et production nationale) est resté en soutien de l’entreprise Constructions-3D et de l’armée de terre afin de concevoir, modéliser et adapter des objets répondant aux besoins des forces et aux contraintes de l’impression.

Réalisations techniques : des démonstrateurs concrets pour des usages militaires

Au-delà de la formation, cette mission avait une ambition technique : produire des prototypes réalistes et représentatifs de cas d’usage. Les structures imprimées ont été conçues pour tester la capacité de l’impression 3D béton à répondre aux exigences spécifiques des opérations du génie.

Chaque pièce a été imprimée sur place, en conditions réelles, sur un terrain non nivelé initialement, à l’aide d’un radeau imprimé permettant de rétablir la planéité. Les voûtes et les tunnels ont été coulés dans un second temps, pour tester leur résistance structurelle à cœur.

Plusieurs innovations ont été testées avec succès durant les impressions. L’intégration directe de crochets de levage dans les cordons d’impression a permis de faciliter la manutention des pièces, en évitant tout perçage ou ajout post-impression. Les équipes ont également expérimenté un ferraillage mixte, combinant des éléments pré-intégrés à l’impression et des armatures insérées manuellement, offrant un bon compromis entre résistance et rapidité d’exécution.

Le coulage à haut débit de plusieurs mètres cubes de béton par voûte a été réalisé sans provoquer d’effondrement ni de déformation des modules. Enfin, des tests de résistance menés après impression ont confirmé la résistance des structures : la voûte tenait parfaitement, illustrant la viabilité immédiate des pièces imprimées en conditions réelles. La voûte présente en effet des avantages balistiques très intéressants mais reste un ouvrage complexe à réaliser de manière traditionnelle. Le SID EPN va poursuivre ses dimensionnements pour optimiser les matériaux et la portée de l’ouvrage.

Retours terrain : forces et axes d’amélioration

Cette formation a permis de constater une prise en main rapide, accessible même à des opérateurs non spécialistes du domaine, une robustesse et simplicité, avec un fonctionnement rustique adapté aux contraintes du terrain et une maintenance réduite. Une flexibilité d’usage de la MaxiPrinter permet de s’adapter à plusieurs scénarios opérationnels, qu’il s’agisse de défense passive, de construction d’abris, d’éléments sur-mesure, adaptables ou de modules de franchissement. Les opérateurs ont également formulé plusieurs propositions d’amélioration, en lien avec leurs besoins spécifiques et les contraintes du terrain, afin d’optimiser l’usage futur de la machine en environnement opérationnel.

Cap sur Dantzig

Dans la continuité de cette mission d’évaluation, nous avons participé à la fête du Génie à Angers, pour faire constater en direct les capacités de la MaxiPrinter à un public plus nombreux mais tout aussi averti. Tout au long de la journée, notre équipe a imprimé en continu une réplique d’abri de la Seconde Guerre mondiale, directement sur notre stand, à l’aide d’un matériau sur mesure conçu par Termix-3D.

Le Président de Constructions-3D, Antoine Motte, est intervenu en qualité de grand « témoin ». Dans sa conférence, il a partagé sa vision d'entrepreneur de l’innovation dans la construction additive.

Nous remercions chaleureusement l’école du Génie pour son invitation à « Dantzig ». Cet événement nous a offert une excellente visibilité auprès des décideurs du génie militaire et a constitué un cadre propice à des échanges constructifs et à des rencontres de qualité.